Itinéraire3, entre Yazd et Isfahan via les montagnes du zagros.

Nous quittons Yazd pour rejoindre la région du Zagros, à l’ouest d’Isfahan.

En route nous visitons le site Zoroastrien de Pir Sabz, situé dans le désert à 68 km au nord de Yazd, près du village de Sharifâbâd, dans le département d’Ardakân .Les habitants locaux l’appellent « Tchak Tchakou » en faisant allusion au bruit des gouttes d’eau qui coulent d’un rocher, et sont emmagasinées ensuite dans un réservoir aménagé près du temple.

	Ci-dessus: Pir Sabz

A la rencontre des nomades Bakhtyaris, dans les Monts Zagros

Les femmes sont habillées de noirs ou de bleu foncé (une jupe, un pantalon long et un manteau), les hommes portent des manteaux blancs et noirs. Le fusil à l’épaule n’est pas rare quel que soit le sexe. Un peu partout de grandes tentes noires en poil de chèvre abritent ces semi nomades au regard intense.

Qui sont-ils à l’origine ? D’où viennent-ils ? J’ai cherché, mais je n’ai que des informations contradictoires. Pour certains  ils viendraient de Syrie et ce serait installés dans le Zagros entre le IVème et Xème siècle et prétendrais ne pas être d’origine persane. Pour d’autres ce seraient un des plus grand peuple aryen immigré en Iran depuis trois millénaires, à moins qu’ils ne se soient expatriés d’Inde du Nord ou encore qu’ils aient déplacés leur territoire depuis de hauts plateaux iraniens.

Ils parlent le Lori, qui appartient, comme le persan (fârsi), langue officielle de l'Iran, au groupe des langues iraniennes du sud-ouest et sont musulmans shī‘ites. Le Lori est la langue de plusieurs tribus ou groupes de tribus du Zâgros et du Fârs, celle des lors (territoire au nord de celui des Bakhtyari) et des Qashqâi du sud, elle varie d’une tribu tribu à l’autre mais rteste uniforme sur le territoire Bakhtyari qui correspond au Zagros central à entre l’ouest d’ Isfahan et Maidan-e-Nafta au Khūzistan.

Cette tribu migre saisonnièrement sur ses territoires qui comprennent de vastes étendues du sud-ouest de l’Iran, en particulier des régions du Khuzestân et du Lorestân pour les quartiers d’hiver, et du Tchahâr Mahâl o Bakhtiâri, Ispahan et Kohkilouyeh va Boyer Ahmad pour les quartiers d’été.

Le séjour bakhtiâri dure 4 mois dans les régions montagneuses, et 6 mois dans les régions plus chaudes. Ils passent le reste de l’année, c’est-à-dire deux mois, à se déplacer entre ces deux régions, aujourd'hui le bétail est souvent transporté en camions.

La société est organisée sur le mode pyramidal, d’abord la famille nucléaire, puis la famille élargie,  les tribus qui se regroupent en huit babs dirigés par des Kahns . Les babs du sud forme le   groupe des Lang Haft,  ceux du nord celui de l'Lang Chahar. Les confédérations de Babs existent au moins depuis le 19e siècle à des fins de défense, de résolution des différends internes et à des fins administratives dans le système étatique.

Combien sont-ils ? Je n’ai pas trouvé de réponse à cette question.

Ci-dessus : Fête de mariage.

Pour l'itinéraire de trekking dans ce secteur, voir  Alpinisme et trekking en Iran

Isfahan

Capitale de l’empire perse sous la dynastie des safavides entre le xvèmel et le xvème siècle.

Fondée dans la plaine du zayandeh rud dont le nom signifie « rivière qui donne la vie ».

Alexandre, après avoir conquis l’Empire achéménide et dissout l’armée perse, interdit tout exercice en arme, dit-on. C’est ainsi que les soldats de Perse furent forcer de pratiquer la gymnastique, la lutte et la manipulation de massues clandestinement, pour continuer, malgré l’interdiction, à s’entraîner au combat.

J’assiste à un entrainement de Varzesh-e Pahlavani, le sport national iranien dans une « maison de force » (Zurkhaneh), il en existe ailleurs dans le pays et notamment une à Yazd sous le dôme d’une ancienne citerne. Les pahlevan ou athlètes évoluent au rythme du son d’un tambour joué par le morshed ou guide, lui-même assis à une place surélevée dans la salle. Les séances ressemblent à un cours de lutte ou de Judo, la décoration des lieux leur donne un coté mystique.

Je ne me suis pas lassée de parcourir la Place Naghsh-e Jahan, les bazars et ruelles environnants.

Ci-dessus :  Place Naghsh-e Jahan. À gauche, la Mosquée du Sheikh Lutfallah

(Masjid-i Sadr), au fond la Mosquée du Shah, à droite, le Palais d'Ali Qapu.

Coté shopping les magasins de tapis recèlent de merveilles, que l’on aime la soie ou préfère la laine des tapis et kilims nomades. Chose incroyable, nous avons acheté les tapis sans les payer comptant, les commerçants ne pouvant encaisser par carte bleue, nous sommes partis avec tapis et certificats d’origine en promettant d’effectuer un transfert bancaire au retour !

De belles miniatures aussi et surtout un nougat absolument délicieux. Je n’ai pas craqué sur les tissus imprimés au tampon de la région.

Belle vue et belle ambiance dans les bars qui occupent les toits qui donne sur la place Place Naghsh-e Jahan, et là, en fin d’après-midi, j’ai souvent rêvé d’une bière non islamique fraîche.

J’ai pris plaisir à aller flâner le long des ponts en soirée et à m’arrêter prendre un thé dans les bars du secteur aux plafonds saturés de lustres en verre coloré.

La visite du  Palais d'Ali Qapu est fort agréable, c’est beau et  a le mérite de casser un peu le rythme visite de mosquée et mausolée.

 L'organisation générale du bâtiment suggère sa fonction: le passage inférieur servait de portail vers les palais safavides à l'ouest du meydan ("la place") en direction du chāhār bāgh  ("boulevard des quatre jardins"), alors que les étages étaient utilisés pour des réceptions royales et autres divertissements. Chardin décrit d'ailleurs une réception à laquelle il a assisté le 16 juillet 1672 depuis un siège du tālār: le monarque et ses invités assistaient à des jeux de polo, des démonstrations de tir et des combats d'animaux sauvages; tout en buvant des rafraichissements. Des courses de chevaux avaient aussi lieu sur la place. (fr.wikipedia.org).

J’ai également passé un bon moment durant la visite du  palais Chehel Sotoun  (palais des 40 colonnes) puis dans son jardin ombragée. Il s'agit  un palais royal dont la datation ne fait pas l’unanimité. Situé à quelques pas vers l’ouest de la  Place Naghsh-e Jahan. A priori il fut terminé par Shāh Abbas II en 1647, ce monument majeur de son règne était utilisé pour les cérémonies de couronnement et pour la réception des ambassadeurs étrangers.

Arméniens d’Iran 

Les arméniens d’Iran représentent certainement la minorité religieuse la plus importante en Iran, ils sembleraient qu’ils soient environ 150 000 (ils étaient environ le double avant la révolution de 1979), plus nombreux que les zoroastriens et les Assyro-chaldéens, l’autre minorité chrétienne d’Iran (estimée à 25 000 personnes). Les premiers d’entre eux arrivèrent à partir du XVIème siècle, sous le règne de Chah Abbas qui ramena

25 000 arméniens de ses expéditions dans l’empire ottoman afin d’enrichir sa capitale des talents d’artisans des arméniens.

Ainsi le quartier de Nor Djolfa d’Isfahan, au sud de la rivière Zayenderoud, fût créé pour accueillir les habitants déportés  de la ville arménienne de Djolfa détruite.

Plus tard, d’autres transferts auront Téhéran comme lieu de destination. Il existe également des communautés à Tabriz et dans le Khousistan.

La politique iranienne en matière de protection des minorités religieuse est en demi-teinte à mes yeux, ce qui m’apparait logique étant donné que le pays est islamique. D’un coté un texte de 1984 précise les droits des minorités : Ils bénéficient ainsi d’une représentation garantie au parlement (2 sièges pour les Arméniens, 1 pour les Assyro-chaldéens, 1 pour les juifs, 1 pour les zoroastriens), plus importante que ne le voudrait leur poids démographique. Ils ont quelques autorisations que n’ont pas les musulmans, comme celui de mélanger hommes et femmes dans leur lieus de culte où le port du hijab n’est pas obligatoire, de fabriquer de l’alcool à condition de ne pas en vendre aux musulmans, de gérer l’état civil de leur population. A priori la tolérance est sous contrôle permanent, notamment en ce qui concerne une censure quant aux livres écrit en arménien et l’organisation de leurs manifestations, ils ne seraient pas à statut égal des musulmans devant le tribunal tandis qu’ils bénéficient de moins de droits sociaux.

Les chrétiens et juifs d’Iran sont néanmoins favorisés par rapport aux zoroastriens auxquels le « statut de gens du livre » n’est pas accordé.

Isfahan abrite encore aujourd’hui treize églises arméniennes, je visiterai la cathédrale Saint-Sauveur, nommée Kelisa-e Vank en persan. Ce fût un moment assez irréel pour moi, au moment de la visite, la cathédrale étaient déserte de pratiquant, un musée en quelque sorte, tandis que rien autour de moi ne pouvait contrer l’ambiance islamiste de la ville. Ailleurs dans le monde, j’avais auparavant éprouvé beaucoup de sensations en changeant de quartier religieux, mais ici rien de cela ne s’est produit en moi. Les illustrations changent, l’architecture aussi, rien d’autre.

En fait, nulle part en ville je n’ai ressenti le caractère multi ethnique de l’Iran, pourtant : 5 millions de Kurdes et de Lores, 13 millions d’Azéris, 3 millions de Turkmènes, 1 million d’arabophones et 4 millions de Baloutches. De plus, les musulmans ne sont pas tous chiites,  il y aurait 15% de sunnites. 

J'ai rejoins la France via Téhéran en avion depuis Isfahan.

Après 8 semaines passées en Iran,  j'ai retrouvée avec joie mes vêtements et les mouvements qu’ils me permettent, je ne fus pas la seule à siroter un verre avec délice dans l'avion. Je me dirige vers la Chine, un autre régime spécial, ce sera plus facile pour moi-même si cela ne l’est pas pour forcément pour tous les habitants. Je garde  un excellent souvenir des iraniens rencontrés, j'ai beaucoup pensé à eux en me tenant informée des évènements, il me reste des tas de choses à découvrir dans ce pays.

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Catégorie Voyages : Asie Iran Aconcagua

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