A propos de l’hindouisme (3), L’ascèse. Sâdhu.

15 Décembre 2013, 12:00pm

Publié par frederiquedelrieu

L’ascèse. Sâdhu (gens de biens) et « Sannyâsin », renonçants.

Il y a fort longtemps que l’Inde compte des vagabonds ayant renoncé aux vanités et biens matériels, mendiant pour survivre parmi ses citoyens, des découvertes archéologique ont mis en évidence que l’ascétisme était présent dans la vallée de l’Indus prévédique dès 2500 av JC. C’est une tradition en Inde, véhiculé aussi par le dieu ascétique Shiva, et c’est en la pratiquant que Gautama le Bouddha a au final connu l’éveil. Sâdhu et Sannyâsin renoncent à la société pour se consacrer au but de toute vie selon l'hindouisme : le mokshā, la libération de l'illusion. Ils ne possèdent rien ou peu de choses. Leur démarche et leur vie se ressemblent, les Sannyâsin sont prêtres les Sâdhu ne le sont pas (ils font partis d’une tradition et sont considérés hors caste).

Un samnyāsin ou sannyāsin est un homme (ou plus rarement une femme) qui a reçu le sannyāsa dīkshā de son Maître spirituel (Guru) qui préside la cérémonie d’initiation monastique de sa lignée, officiée par un brahmane (prêtre) Au cours de cette cérémonie devant le feu sacré Agni le Guru donne le nom monastique (par exemple Svāmi Shivānanda Saraswatī généralement le titre est suivi du nom puis de la lignée) au novice ainsi que ses attributs qui sont : le danda (le bâton de pèlerin), le kamandalu (le pot à eau), le kaupīnam (la bande d’étoffe qui sert de slip) et le Kavi (la robe orange) . Ils mènent le plus souvent une vie errante, passant de lieu saint en lieu saint, d’āshram en āshram. Il existe une vingtaine de Sannayâsin francophone, toutes lignées et traditions confondues.

Les Sâdhu constitueraient 0,05% de la population indienne, selon leur pratique ils vivent nus (recouverts de cendres) ou habillés. Ceux qui s'habillent, portent en général un longhi, une tunique, de couleur safran pour les shivaïtes, jaune ou blanche pour les vishnouites, symbolisant la sainteté, et parfois de quelques colliers. Ceux qui appartiennent à la secte Shivaïte peignent sur leur front (tilak) le trident symbolique, fait de 3 raies, qui représente le triple aspect de Shiva et l'anéantissement des trois impuretés : égoïsme, désir et illusion ; le tilak des Vishnouites est vertical, formé de deux lignes blanches en U et d'une ligne ou d'un point rouge symbolisant Sita (épouse de Rama, figure du Ramayana qui personnifie la fidélité).

La voie des Tapa « mortifications du corps et de l’esprit » est particulièrement dure à suivre.

Les Sâdhu ont une fonction sociale celle de donner à voir leur rayonnement spirituel (darschan), de sanctifier et redistribuer les dons des dévots (en soufflant sur un objet, en donnant les cendres d’un feu rituel, de la nourriture…).

Les motivations qui poussent à l’ascèse sont parfois biaisées, la démarche peut offrir un moyen d’échapper à ses responsabilités, de ne pas travailler. Devenir Sâdhu peut permettre de fuir sa caste. Et bien sûr, dans les secteurs touristiques, la tentation de se déguiser pour profiter des dons existe…